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Porn Valley, by Laureen Ortiz
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Détails sur le produit
Broché: 320 pages
Editeur : Premier Parallèle (29 mars 2018)
Langue : Français
ISBN-13: 979-1094841709
ASIN: B077MQ5978
Dimensions du produit:
13 x 2,4 x 20,5 cm
Moyenne des commentaires client :
4.2 étoiles sur 5
8 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
149.471 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Derrière l' "Hollywood babylone" (comme disait Kenneth Anger) se cache le "revers" ou l' "envers" du cinéma américain.Un cinéma beaucoup moins avouable...Pourtant, loin de la doxa, l'auteure nous fait partager les vies de ces acteurs et actrices de cet autre Hollywood.Un récit poignant et intelligent où l'on constate que sous l'apparente bassesse de ce monde (souvent raillé) se cache en réalité des hommes et des femmes d'une rare complexité.Un monde sombre qui souvent promet monts et merveilles à ces hommes et femmes mais qui finit toujours par les rejeter avec pertes et fracas...A lire.
Dans ce livre, l'auteur nous raconte comment elle a réalisé une longue enquête sur le milieu de la pornographie. Le problème, c'est que l'enquête en question n'est pas très développée. Par contre, vous apprendrez que la journaliste faisait du longboard pour se détendre le long de la côte, en faisant des high five aux passants, avant d'écouter du Cure dans sa voiture en contemplant un coucher de soleil sur la route la menant vers bla bla bla...Il n'y a aucun travail de synthèse. Ca tient plus du roman qu'autre chose.
Les amateurs de littérature érotique seront déçus : le pouvoir érectile de cet ouvrage est égal à zéro. Laureen Ortiz nous embarque pour une enquête socioculturelle dans ce qui est devenu la capitale de la psyché extrême-occidentale, –Los Angeles, et l'industrie emblématique d'une civilisation épuisée centrée sur le sexe, le pouvoir, l'argent. Elle pourraît être la fille spirituelle de Naomi Klein –énergie, ténacité, capacité à déceler et poursuivre le vrai sujet dans le brouillage et la complexité.Exposée chronologiquement, l'enquête devient un road-movie, qui nous fait sillonner l'amibe urbanistique de 10 millions d'habitants, celle des Fante, Bukowski, Polansky (« Chinatown ») : « Los Angeles n'échappe pas à la bétonisation du monde, elle l'a devancé. Voyez cette ville anti-carte postale, avec ses vertigieneux échangeurs d'autoroute en forme de nœuds marins, ses parkings grands comme des champs, ses centres commerciaux poussant partout comme des champignons, ses condominiums fleuris d'appartements de plus en plus petits. Par bonheur, entre ces ensembles de pierre, s'infiltrent partout la nature, la faune et la flore, une végétation luxuriante à demi-méditerranéenne, à demi-désertique, jardins de cactus et massifs de bougainvilliers, canyons et montagnes acesssibles par les sentiers de randonnée. Mélissa tient à cet équilibre fragile, ébranlé par la pression démographique (...) . Comme je décline le cours de danse qu'elle me propose, nos chemins se séparent. Chacune dans sa berline, seule, dans le silence de la nuit, à l'heure où sortent les pumas, les lynx (...) » [p. 254] Jusqu'au coyote de « Collateral » (M. Mann, 2010) aperçu quelques secondes dans le faisceau des phares.Ce livre inclassable est aussi une analyse fine des enjeux sociologiques, économiques et politiques enchevêtrés qui gouvernent « ce monde-là », lequel n'est qu'une expérience quasi in-vitro de « notre » monde d'aujourd'hui. Cette Mélissa est une « actrice ». Comme la quasi-totalité de ses collègues, filles de « petits-blancs » --ceux qui ont voté Trump--, enfance fracassée, éducation corsetée, pauvreté et déclassement, sans cette culture personnelle –ce qui reste quand on a tout oublié-- qui donne la résilience aux choses de la vie : la maltraitance aux enfants frappe tous les milieux, mais certains ont de moins mauvaises chances de la surmonter que d'autres. Une proportion notables d'anciens élèves de l'éducation catholique, aussi, d'après l'auteure. « Les cinq lettres les plus importantes dans l'industrie du X sont : R-E-B-E-L » [p. 306] --filles, garçons, misfits, erreurs de casting social, mal-tombés. En gros, le porno, ce n'est pas pour « les filles bien », cette « industrie » aspire, exploite et jette en un an, avec de rares exceptions, la « fille de rien, déprimée, sans diplôme, l'Amérique des winners ne l'attend pas. Elle rêve pourtant de la rejoindre, s'attelant à la recherche d'un emploi « normal » et d'une vie rangée, 'comme tout le monde' »[p. 120 ] Comme presque toutes, Savannah --une autre « Melissa »-- quittera la ville en emportant avec elle sa seule attache terrestre, un petit chien.Complexité, enchevêtrement, arrière-cuisine de la fabrique démocratique. L'auteure nous entraîne à une audience de la structure régulatrice chargée de déterminer si les films pornographiques doivent faire l'objet d'un « permis de filmer » (payant) destiné à organiser, notamment, l'application de la loi obligeant le port du préservatif lors des tournages, car le sida sévit toujours, de même que l'herpès, la chlamydiose, la syphilis... Le récit montre la manière dont le débat est mené, les enjeux, y compris pour les performeuses qui se contentent de se filmer en webcam (lesquelles remplissent aussi « ce besoin de connexion [qui] provient ed'une clientèle masculine. La femme y est simplement le produit d'appel, réceptacle des névroses ambiantes. Il ne s'agit pas de que de sexualité. Les gens sont prêts à payer beaucoup pour avoir quelqu'un à qui parler...» [p. 272]), ou les rapports lesbiens : le montant des droits de permis, dérisoire pour des entreprises brassant des centaines de millions de dollars, coulerait toutes ces micro-entreprises dont les « services », mis en ligne par des structures qui prennent leur dîme au passage, gagnent juste de quoi ne pas être jetées à la rue pour y crever de faim, conjoncture plusieurs fois décrite de manière crédible dans cet ouvrage. Plus loin, l'on découvre que certains de ces intervenants authentiques ont été incités à s'exprimer moyennant contribution par les intérêts opposés à ce sytème de permis... Pour ceux-là , l'enjeu s n'est pas d'échapper aux frais de permis : c'est de ne pas perdre le client final, qui n'aime pas voir une capote quand il « consomme » ces films « à regarder d'une seule main » comme l'on dit , et qui risque d'aller voir des « films d'ailleurs » … Le problème du porno, c'est que le libéralisme économique incontrôlé entraîne le dumping social comme le feu entraîne la fumée, et qu'en démocratie où tout le monde s'exprime en principe, l'union fait la force et, même sans acheter directement le législateur, la voix des lobbies est le plus souvent la plus écoutée simplement du fait qu'elle est la mieux entendue.Si ce livre rejoint « City of Quartz » (M. Davis, 2006) et « L'empire de l'illusion » (Ch Hedges, 2013) au panthéon de la pertinence sociale, il a quelque chose de « Yucca mountain » (D'Agata, 2012) quant à son pouvoir d'évocation et aux bouffées de lyrisme étrange qu'il envoie au visage du lecteur, ce « Yucca » avec sa géniale couverture, carte géographique dont les courbes de niveau dessinent le visage du Cri d'Edvard Munch, face d'effroi et de folie qui domine aussi la Porn Valley.
Juin 2009. Michael Jackson vient de mourir. Plutôt que de couvrir l’événement, Laureen Ortiz est enfermée dans une salle de conférence de la San Fernando Valley, au nord d’Hollywood. C’est ici que débute son enquête.Nul n’ignore que les vallées californiennes abritent l’énorme industrie du X. Il était fort probable qu’à un moment ou à un autre, elle se penche sur le sujet. Sa carte de journaliste est loin de lui ouvrir toutes les portes, mais dès ses premiers entretiens, Laureen Ortiz porte un réel intérêt à celles et ceux qu’elle rencontre, et comprend vite que ce sera là un gros travail d’investigation.En cette année 2009, les autorités tentent d’imposer le port du préservatif sur les tournages. Derrière ce projet de loi, la AIDS Healthcare Foundation, la plus grande association de lutte contre le sida aux États-Unis. Après d’interminables discussions, Los Angeles se pliera à ladite mesure B en 2012, officiellement du moins, car le safe sex ne fait pas vendre. Coût excessif, perte d’attrait pour le public, on déménage à deux pas de là le temps de tourner ou on contourne la loi, simplement.Sachant que la carrière d’une actrice porno dépasse rarement quelques mois, si quelques-unes soupçonnent la clinique gérée par la FSC (Free Speech Coalition, qui réunit l’essentiel des producteurs) de dissimuler les cas de séropositivité, peu osent faire des vagues. Être capable de tout et proposer toujours plus, ce sont les mots d’ordre pour espérer percer dans le milieu. Gros plans, petit budget, zéro scénario, zéro décor, zéro dialogue, le porno gonzo, très en vogue, s’affiche brutal et n’a plus grand-chose à voir avec un film. Derrière les égéries éphémères, les pionniers ne trouvent plus leur place.Sous le règne YouPorn, Phyllisha Anne, ex-actrice, entreprend de monter un syndicat. Le porno apparaît presque comme tout autre job. Je simplifie : pas de CDI, pas de contrats d’exclusivité, pas de protection sociale. Et la mort en bonus. Phyllisha Anne ne semble pas craindre de s’imposer en agitatrice. Pour elle, il est trop tard, elle ne connaissait pas ses droits au moment voulu, mais elle peut aider la nouvelle génération. L’initiative rassemble. Les plus rodés épaulent les jeunes recrues, cette famille un peu particulière se serre les coudes. Laureen Ortiz pense alors assister à un mouvement sans précédent… mais Phyllisha Anne disparaît. En recoupant les infos dont elle dispose et celles qu’elle récolte chaque jour sur le terrain, elle se lance à sa recherche.Sans préjugés, la journaliste rend compte d’une vision inhabituelle du milieu du X. À travers les nombreux entretiens qu’elle rapporte, j’ai réussi à voir les travailleurs du sexe comme des gens « normaux ». Car oui, des préjugés, j’en ai. Une gamine de 18 ans qui contacte un producteur en lui listant tout ce qu’elle est prête à faire, ça me dépasse. Curieuse, j’ai tapé quelques noms croisés au fil des chapitres sur le net et (ce n’est pas toujours leur visage que Google propose en premier) j’ai découvert monsieur et madame Tout-le-monde, à l’exception de deux ou trois producteurs à l’air vicelard. Exit les clichés, la mode est à l’ordinaire, le public, en majorité masculin, ne fantasme plus sur les blondes peroxydées taillées comme des tops brésiliens. Nombre d’acteurs et actrices sont issus de familles catholiques pratiquantes et n’ont pas connu d’adolescence mouvementée. Nombre ont en commun également un besoin de reconnaissance qu’ils n’ont su trouver ailleurs que dans le X, qui « peut offrir la sensation réconfortante d’appartenir à une famille où chacun se reconnaît un peu dans l’histoire de l’autre, où les gains financiers et les moments de célébrité donnent le sentiment d’exister, peut-être même l’illusion d’être aimé, pendant que les fissures se creusent derrière le vernis. » Derrière le vernis, ce n’est pas beau à voir. Drogue, alcool, pression, dépression, précarité, et le sida qui rôde.Porn Valley est un très bon bouquin, écrit avec simplicité et, me semble-t-il, sincérité. Laureen Ortiz n’hésite pas à mentionner des détails de sa propre jeunesse pour mieux cerner les personnalités. Ç’aurait pu être elle, sur ce tournage clandestin, mais elle a fait d’autres choix de vie, a encaissé différemment les désillusions. Elle aurait pu, elle aussi, mal placer ses ambitions, se faire berner par son employeur, croire au rêve américain et se planter. Triste portrait d’une communauté marginale pourtant pièce maîtresse de l’économie US, cette enquête pose des questions qui dérangent. Et pour le dire franchement, je me suis demandé, à plusieurs reprises, à quel moment l’humanité était partie en c***lles.
Immersion totale dans la chaleur de la vallée de San Fernando, à côtoyer des infréquentables ... et en apprendre beaucoup sur le monde du porno version US / worldwide. Malgré un sujet difficile, ce livre est rempli d'anecdotes perso et on a vraiment l'impression d'être sur le siège passager de la voiture en couverture ! Une enquête fouillée, un ton léger, bref un exercice d'équilibre très réussi
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May 31, 2015
Elvina Wulandari
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